Shutter Island

Difficile de faire la critique d'un film de façon "objective" (un terme quelque peu paradoxal, pour une critique) quand on l'a attendu depuis plus de 6 mois: je risque d'être influencée par l'effet Avatar comme je l'appelle, effet qui consiste a crier amen à tous les défauts du film parce que je l'attendais depuis si longtemps, un phénomène que j'ai pourtant déploré plus d'une fois pour le dernier film de Cameron. Mais bon, on essayera tout de même d'être exigent avec soi-même et avec ce fameux film dont il est question aujourd'hui!

La première question que je me pose est: comment cela se fait-il qu'un film qui a impliqué deux géants de renom, à savoir, Di Caprio et Scorsese, a pu passer aussi inaperçu? Le mystère reste encore entier. Pour ma part, si j'ai connu l'existence du film dès le mois d'août, c'est parce que j'ai appris que Jackie Earle Haley (aka Rorschach dans Watchmen) y jouerait (pour 15 minutes à l'écran à peine, mais quelle prestation!)

Quoi qu'il en soit... La première chose qui me marqua dans ce film fut la complexité et l'esthétique des plans. Jusqu'à maintenant, j'ai très rarement vu de film accordant une aussi grande importance aux jeux graphiques que pouvait apporter la vidéo. Des jeux de lumière et d'ombre créés par un enchevêtrement de barreaux de prison ou des allumettes, des jeux d'estompe par le brouillard ou la fumée de cigarette, des projections de neige, de branchage et d'écume...Bref les "beaux" plans ne manquent pas. Et lorsque je dis beau, je n'entends pas beau au sens de grandiose à la manière d'un beau panorama sur un paysage verdoyant à la Seigneur des Anneaux. J'entends beau dans le sens...(je déteste ce mot, je ne sais jamais comment il s'utilise mais vous comprendrez l'idée) d'esthétique. J'ai rarement été autant en extase devant le travail de cadrage et surtout de lumière. Et pourtant les artifices sont très (peut-être parfois trop?) classiques. Sur ce point là, je dis donc chapeau pour nous apporter un véritable plaisir visuel, qui sert en plus au suspense (je pense notamment à une magnifique course-poursuite à travers les escaliers du bâtiment C...)

Musique à présent. Dans le genre pas écoutable de façon autonome, mais excellentissime dans le contexte d'un film. De ce film. On retiendra les très oppressants battements de cordes ponctués par une note aigue et très sèche (qui me faisait tellement sursauter que j'ai fini par chercher à l'anticiper pour ne plus être prise au dépourvu) mais que je trouve parfois mal utilisée (gros silence là où j'imaginais de la musique, et au contraire, le thème qui arrive sur ses gros sabots créant parfois un effet de too-much... synchroniser un tutti avec une explosion...bon voilà, quoi)

Voila pour les deux grandes forces du film. J'aborde à présent des aspects plus sujets à controverse. Pour ma part, je me suis bien pissée dessus (ahaha...) mais je ne pense pas que tout le monde est aussi peureux que moi. Alors peut-on dire qu'il s'agit la d'un bon thriller? Je pense que oui (y'a quand même des scènes qui ont fait sursauter toute la salle xD), mais je pense aussi qu'on peut faire plus opressant encore...Surtout avec une base pareille. Peut-être est-ce parce que les effets de suspense sont encore une fois assez classiques et qu'ils sont de ce fait faciles à anticiper (mais bon, on peut avoir peur par anticipation aussi ^^)

Le jeu d'acteur à présent. Bon, rien que par la prestation de Jackie Earle Haley, le film mérite 100/20 au moins.
Sinon, plus sérieusement :P bon on aime Di Caprio, ou on l'aime pas, mais après, je trouve le jeu d'acteur excellent dans son ensemble. Mention spéciale pour Emily Mortimer (Rachel Solando) et Michelle Williams (Dolores) qui sont tellement souriantes et douces qu'elles en sont effrayantes. Et bien sûr, mention très spéciale à Jackie Earle Haley pour sa magnifique apparition à l'écran pour 15 minutes xD (trop courte à mon goût)

Ce qui me gène plus, à présent. Rien de très gros, à vrai dire, et c'est vraiment juste pour titiller un peu. Les scènes de rêves sont très nombreuses, mais un peu trop denses par rapport aux scènes concernant la réalité. Je pense que dans le livre (que je lirai cette été) les parts de rêve et de réalité étaient dans des proportions plus justes et qu'on a dû en tronquer pour tenir 2h17. Mais là, je ne fais que spéculer.
Le dénouement. Je ne spoilerai rien, bien sûr. Gros coup de maître, qui a laissé le doute avec une accelération des évènements jusqu'au dénouement, et une perte de repère totale. C'est réussi. Après, je regrette l'issue du dénouement et aurait préféré l'issue *contraire*...Ca ne veut rien dire? C'est normal. Voyez donc le film! Mais après, c'est dû à l'histoire originale, et non à l'adaptation.

Vala vala...En somme, un excellent film, avec des plans superbes et une musique adaptée, des bonnes qualités de thriller, mais peut-être un peu classique et peu surprenant pour les grands cinéphiles (que je ne suis pas, donc moi ça ne me gène pas) Et encore fois, car il est bon d'insister, très bon jeu d'acteur (actrice, surtout, en fait) et pas forcémment venant du VIP dont le nom est inscrit sur l'affiche (quoi que Di Caprio est très bon aussi)...Surprise!
Pour tout ça je lui mets donc un gros 18/20, les 2 points restants étant dûs à son aspect un peu classique qui peut en rebuter...ou pas (tout cas ça m'a moins choquée que les vieux stéréotypes d'Avatar!)